Dès le 1ᵉʳ avril 2025, un nouveau cadre d’indemnisation des arrêts maladie entre en vigueur, impactant aussi bien les salariés du secteur privé que les fonctionnaires.
L’objectif affiché par le gouvernement est clair : réduire les dépenses publiques liées aux arrêts de travail et limiter les abus.
Mais derrière ces annonces se cachent des implications concrètes pour les travailleurs.
Diminution du plafond d’indemnisation, renforcement des contrôles, allongement du délai de carence…
Quels changements s’appliqueront réellement ? Qui sera le plus impacté ? Et comment anticiper ces évolutions pour éviter une perte financière ?
Décryptage à travers notre tuto.
Contexte de la réforme d’arrêt maladie : pourquoi ces changements ?
Le recours aux arrêts maladie a fortement augmenté ces dernières années.
En effet, et selon les chiffres de l’Assurance Maladie, les indemnités journalières ont coûté près de 14 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de plus de 30 % en dix ans.
De ce fait, et face à cette explosion des dépenses, le gouvernement français a décidé de revoir les conditions d’indemnisation pour les rendre plus strictes et plus équitables entre le public et le privé.
Aussi, cette réforme est aussi motivée par un autre enjeu.
Il s’agit de la lutte contre les arrêts de travail de courte durée jugés abusifs.
Certaines entreprises dénoncent des arrêts répétés de quelques jours, parfois sans justification solide.
La réforme cherche donc à limiter ces situations en rendant financièrement plus contraignant le recours aux arrêts de courte durée.
Ce qui change pour les salariés du secteur privé
Les nouvelles règles modifient directement le montant des indemnités perçues ainsi que les conditions de versement.
Un plafond d’indemnisation revu à la baisse
Jusqu’à présent, un salarié du privé pouvait percevoir une indemnité maximale correspondant à 1,8 fois le SMIC. À compter du 1ᵉʳ avril 2025, ce plafond sera abaissé à 1,4 fois le SMIC.
👉 Impact direct : cette réduction touche principalement les salaires moyens et élevés, qui verront une baisse de leurs indemnités journalières.
Par exemple, un salarié touchant 3 000 € brut par mois recevait jusqu’ici environ 56 € par jour en indemnisation.
Après la réforme, cette somme passera à 44 €, soit une perte de plus de 250 € par mois en cas d’arrêt prolongé.
Contrôles renforcés et nouvelles obligations
Le gouvernement met en place des mécanismes de surveillance accrus pour éviter les arrêts jugés abusifs :
- Visites médicales obligatoires : les arrêts maladie de plus de 15 jours pourront donner lieu à un contrôle médical automatique.
- Restrictions sur les arrêts courts : les salariés multipliant les arrêts de moins de 3 jours feront l’objet d’une vigilance accrue.
- Rôles des employeurs élargis : les entreprises auront un accès facilité aux informations de la Sécurité sociale sur leurs employés en arrêt maladie, notamment la fréquence des arrêts.
Ces nouvelles mesures visent à responsabiliser les salariés, mais elles soulèvent aussi des inquiétudes quant au risque de stigmatisation des personnes réellement malades.
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Ce qui évolue pour les agents de la fonction publique
Les fonctionnaires ne sont pas épargnés par la réforme.
Jusqu’ici, ils bénéficiaient d’un régime plus protecteur en matière d’arrêt maladie. Mais dès avril, plusieurs ajustements viendront modifier leurs conditions d’indemnisation.
Un allongement du délai de carence
Actuellement, un seul jour de carence est appliqué lors d’un arrêt maladie.
Dès le 1ᵉʳ avril, ce délai passera à trois jours, alignant ainsi le secteur public sur le privé.
📌 Conséquence directe : un fonctionnaire en arrêt pour cinq jours ne sera indemnisé que sur deux jours au lieu de quatre aujourd’hui.
Baisse du taux d’indemnisation
Jusqu’à présent, les fonctionnaires percevaient 100 % de leur salaire pendant un arrêt de courte durée.
Désormais, ce taux sera réduit à 90 % dès le quatrième jour d’arrêt, ce qui représente une perte directe de revenus.
Les personnels les plus concernés seront ceux qui ont des métiers à forte pénibilité physique ou psychologique, comme les enseignants, les soignants et les forces de l’ordre.
Quels impacts pour les salariés et fonctionnaires ?
Les nouvelles règles d’indemnisation des arrêts maladie vont directement impacter le quotidien des salariés et des fonctionnaires, avec des conséquences financières et comportementales notables.
D’abord, la baisse des indemnités perçues va contraindre de nombreux travailleurs à revoir leur budget en cas d’arrêt prolongé.
Moins bien couverts, certains pourraient être amenés à poser moins d’arrêts de courte durée pour éviter une perte de revenus.
Cette réforme risque ainsi d’avoir un effet dissuasif sur les congés maladie de courte durée, incitant certains salariés à continuer à travailler malgré une santé fragile, ce qui pourrait, à long terme, nuire à leur bien-être et à leur productivité.
Par ailleurs, cette réforme ne s’appliquera pas de manière uniforme à tous.
Selon les conventions collectives et les accords de branche, certaines entreprises continueront d’assurer un maintien de salaire en complément des indemnités journalières, tandis que d’autres n’offriront aucun soutien supplémentaire.
Cette disparité risque d’accentuer les inégalités entre travailleurs du privé, selon leur secteur d’activité et leur employeur.
Aussi, dans la fonction publique, l’allongement du délai de carence et la réduction des indemnités vont particulièrement affecter les métiers les plus exposés, comme les soignants, les enseignants et les agents des services publics.
Ces professions, où la charge de travail est souvent intense, pourraient voir leur attractivité diminuer si les conditions de prise en charge des arrêts maladie deviennent plus strictes.
Réactions et perspectives
- Les syndicats dénoncent une réforme injuste, qui pénalise avant tout les travailleurs les plus fragiles et augmente le risque d’absentéisme masqué (salariés malades travaillant malgré tout).
- Les entreprises se montrent globalement favorables à cette réforme, espérant une baisse des arrêts de travail considérés comme injustifiés.
- Le gouvernement défend ces mesures en insistant sur la nécessité de contrôler les dépenses de la Sécurité sociale et de garantir une équité entre secteur privé et fonction publique.
➡️ Mais la question reste en suspens. Ainsi , ces nouvelle règles suffiront-elles à endiguer la hausse des arrêts maladie, ou risquent-elles d’entraîner un mal-être accru des travailleurs ?
Comment s’y préparer ?
Face à ces changements, voici quelques bonnes pratiques pour limiter l’impact de cette réforme sur votre situation financière et professionnelle :
- Vérifiez votre convention collective : certaines entreprises offrent des compensations complémentaires en cas d’arrêt maladie.
- Anticipez une perte de revenus : si vous êtes sujet aux arrêts fréquents, il peut être utile de constituer une épargne de précaution.
- Renseignez-vous sur les assurances privées : certaines complémentaires santé proposent des garanties spécifiques pour compenser la baisse des indemnités journalières.
- Respectez scrupuleusement les nouvelles obligations: veillez à bien justifier vos arrêts et à vous conformer aux contrôles pour éviter toute suspension d’indemnisation.